Le sourire de la morte est construit comme un thriller, c’est une enquête questionnant le système carcéral et la place de la différence dans notre société. C’est une pièce sur les fracas de l’enfance, la culpabilité, la responsabilité, une pièce presque cinématographique qui nous plonge dans la complexité d’un présumé tueur en série. Jeanne, Professeur de lettre, est en quête de réponse : les conditions de la mort d’Emilie, sa soeur, sont incohérentes. Aujourd’hui elle a besoin de savoir. L’écriture d’un livre n’est qu’un prétexte pour rencontrer Louis, le présumé meurtrier, à la prison où il est incarcéré.
Entre les lignes du Sourire, on peut lire l’empressement judiciaire, les jugements hâtifs, les étiquettes apposées. Quand un individu ne rentre pas dans l’étroite grille de la norme d’intégration imposée, l’intolérance sociale le met en marge d’une manière ou d’une autre.
"Tout homme, avant d’être jugé coupable est présumé innocent."
Tous les personnages en présence sont ambigus, qu’ils portent l’habit d’avocat (Sarto) ou l’étiquette du marginal (Louis). Ils ont tous leur part de duplicité, leurs travers, leur perversité et leurs faiblesses. Nous sommes. Ni bons, ni mauvais. Nous sommes simplement complexes.
Sur le plateau, pas de repères du quotidien mais l’espace moite de la prison et de l’intime, quatre interprètes sur les planches, libres de jouer. Un tapis de danse blanc nous donne notre cadre de jeu. Une circulation autour donne à voir la déambulation des uns durant la parole des autres, une façon d’être toujours là à l’intérieur comme à l’extérieur. En fond de scène, un écran blanc, type 16/9ème, à la fois pour rappeler l’écriture cinématographique de la pièce mais aussi pour appuyer les comédiens au plateau.
La vidéo est notre outil sensitif de représentation. Une évocation de la nature, rapport étroit à la chair meurtrie des personnages au sol et ce qu’ils ont dans la tête, leurs perceptions, leurs désirs et leurs paradoxes apparaissent sur l’écran de face.
La tension dramatique est amenée par le son et contribue à la fabrication onirique des lieux.
Un musicien utilise en direct sons synthétiques et morceaux plus organiques, travaillés en studio, qui lui permettent de suivre les comédiens tout au long de la pièce.